On arrive au Portugal un peu comme on revient quelque part. Avec cette impression de déjà-vu mêlée à la surprise de l’inédit. Dès les premiers instants, une lumière dorée vous enveloppe, douce et salée, comme un air de mer porté par les collines.
À Lisbonne, les pavés glissent sous les pieds dans l’Alfama, les tramways grincent dans les ruelles, les façades couvertes d’azulejos racontent la mer, le temps, les gens. Ici, le temps ralentit. On s’assoit sur une terrasse, on regarde le Tage s’étirer sous le pont du 25-Avril, et l’on comprend que la mélancolie du fado n’est pas tristesse, mais poésie.
Plus au nord, Porto vous attend, ancrée dans sa roche, fière et rugueuse. Les maisons de Ribeira semblent s’accrocher les unes aux autres au-dessus du fleuve. Le vin y a la couleur du bois, le goût du fruit mûr, et les ponts de fer dominent la ville comme des arcs lancés vers l’avenir.
La route se poursuit dans les terres. Le Douro, sinueux, borde les vignobles en terrasse, et l’on se perd dans ces paysages de carte postale. Les villages, blancs, calmes, vivent au rythme des saisons. À Coimbra, les étudiants marchent en cape noire dans les ruelles escarpées. À Évora, la pierre est chaude, l’histoire est lente, et le soleil semble posé sur les toits.
Et puis vient le Sud, l’Alentejo d’abord, grande étendue paisible aux couleurs ocres, oliviers et chênes-lièges. Puis l’Algarve, éclatante, lumineuse, sculptée par l’océan. Les falaises y tombent dans une mer turquoise, les plages apparaissent au détour des rochers, et les petits ports de pêche sentent la sardine grillée et le sel.
Partout, on mange bien. Mieux encore, on mange vrai. Une morue moelleuse, du poulpe à l’ail, un riz au canard, des pastéis de nata encore tièdes. Un vin du Dão, un rouge du Douro, un verre de porto vieux. Et toujours, un sourire. Le Portugal ne cherche pas à éblouir, il cherche à toucher. Et il y arrive.